About project

BRUTES (RAW)
Une décennie de portraits du féminin
Manifeste pour une autre grammaire du regard

Dix années. Plusieurs centaines d'images. Un refus de l'instantané au profit de la durée, de l'accumulation. Non pas saisir, mais témoigner. J'ai photographié des corps de femmes — des corps tels qu'ils se tiennent, tombent, plient, résistent, s'abandonnent. Et jamais offerts.

Cette série naît d'un refus et d'une nécessité. Refus de perpétuer les assignations sexualisées qui saturent l'imaginaire photographique. Nécessité de construire, depuis une position masculine, un regard désarmé — ni prédateur, ni possessif, ni voyeur. Une déconstruction de l'intérieur même du regard masculin. Un démantèlement des réflexes scopiques hérités.

Le corps comme territoire, non comme conquête. Ni « femmes dominatrices » ni « femmes soumises », mais des présences de plein droit. Pas de poses standardisées, pas de mise en scène érotisante. Seulement une attention à la manière dont chaque femme habite son corps. Un mouvement qui n'est pas performance — simplement l'être-là. La présence singulière.

Dix années, ce fut le temps pour désapprendre. Chaque séance comme exercice de déprise. La répétition comme méthode : répéter, revenir, reprendre, jusqu'à ce qu'émerge quelque chose qui échappe au premier réflexe. Sans militantisme explicite, la série opère un geste politique : montrer des féminités ni idéalisées, ni victimisées, ni héroïsées. Ordinaires et singulières. Complexes, contradictoires, fortes, fragiles.

Mais cette série assume son impossibilité. Il n'y a pas de regard masculin « pur ». C'est dans la conscience de cet échec, dans le travail pour s'en approcher sans jamais l'atteindre, que réside la valeur du projet. En creux, le corps masculin vacille. Non montré, mais traversé. Interrogé. Dénudé de son pouvoir de voir. Cette série fait vaciller ma position de photographe — et avec elle, celle du spectateur. Face à ces images, il ne s'agit plus de regarder, mais de répondre.

« Il faut enlever au regard ce qu'il prend. »
— Georges Didi-Huberman

Credits

Year : 2015-2025

BRUTES (RAW)
Une décennie de portraits du féminin
Manifeste pour une autre grammaire du regard

Dix années. Plusieurs centaines d'images. Un refus de l'instantané au profit de la durée, de l'accumulation. Non pas saisir, mais témoigner. J'ai photographié des corps de femmes — des corps tels qu'ils se tiennent, tombent, plient, résistent, s'abandonnent. Et jamais offerts.

Cette série naît d'un refus et d'une nécessité. Refus de perpétuer les assignations sexualisées qui saturent l'imaginaire photographique. Nécessité de construire, depuis une position masculine, un regard désarmé — ni prédateur, ni possessif, ni voyeur. Une déconstruction de l'intérieur même du regard masculin. Un démantèlement des réflexes scopiques hérités.

Le corps comme territoire, non comme conquête. Ni « femmes dominatrices » ni « femmes soumises », mais des présences de plein droit. Pas de poses standardisées, pas de mise en scène érotisante. Seulement une attention à la manière dont chaque femme habite son corps. Un mouvement qui n'est pas performance — simplement l'être-là. La présence singulière.

Dix années, ce fut le temps pour désapprendre. Chaque séance comme exercice de déprise. La répétition comme méthode : répéter, revenir, reprendre, jusqu'à ce qu'émerge quelque chose qui échappe au premier réflexe. Sans militantisme explicite, la série opère un geste politique : montrer des féminités ni idéalisées, ni victimisées, ni héroïsées. Ordinaires et singulières. Complexes, contradictoires, fortes, fragiles.

Mais cette série assume son impossibilité. Il n'y a pas de regard masculin « pur ». C'est dans la conscience de cet échec, dans le travail pour s'en approcher sans jamais l'atteindre, que réside la valeur du projet. En creux, le corps masculin vacille. Non montré, mais traversé. Interrogé. Dénudé de son pouvoir de voir. Cette série fait vaciller ma position de photographe — et avec elle, celle du spectateur. Face à ces images, il ne s'agit plus de regarder, mais de répondre.

« Il faut enlever au regard ce qu'il prend. »
— Georges Didi-Huberman

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